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Tagadam Soins Soins
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15 octobre 2016

Les collègues

 

nurse 7

 

Le ou la collègue de travail est celui ou celle qui vous accueille lors de votre premier jour, qui vous « double », qui vous montre votre casier dans le vestiaire, qui vous présente aux autres, qui vous explique ce qui est à faire ou à ne pas faire sur votre lieu de travail. Votre roulement fait que vous changez régulièrement de collègue, vous apprenez à les connaître, les uns après les autres. On dit qu'on se fait une idée de la personne que l'on rencontre pour la première fois en sept secondes, mais nous savons que ces premiers contacts, ces premières impressions se révèlent au cours du temps, souvent fausses, erronées... C'est dans les situations les plus intenses sur le plan émotionnel que l'on découvre le vrai visage de ses compagnons de galère, quand on est à deux face à une histoire compliquée, une prise en charge qui nous touche. Ces moments qui bouleversent sont l'occasion d'échanger, de parler de ce qui ne va pas ou de ne pas en parler d'ailleurs : un regard, un sourire, une larme parfois lèvent le voile et crée un lien entre ces personnes autour d'un malade dont nous nous sommes occupé ensemble.

Dans « collègue » il y a « co », préfixe, du latin cum, avec, entrant dans la composition de nombreux mots où il indique l'association, la participation, la simultanéité. A l'hôpital en effet, dans les divers services de soins, les collègues sont des personnes qui participent simultanément à un même objectif, prendre soin des patients. Mais avec l'expérience, on apprend à faire le distingo entre un collègue lambda et un « super » collègue.

Pour entrer dans la catégorie des super collègues, il faut que celui-ci soit attentif à véhiculer un bon esprit d'équipe, se préoccupe de ceux avec qui il travaille, c'est celui avec qui on peut discuter, exprimer ses difficultés, celui à qui on peut demander des conseils certes.

Ça peut-être aussi tout simplement la personne qui vous souhaite une bonne journée au téléphone (rare, très rare quand c'est la cinquième fois qu'on appelle cette personne en une heure), celle qui a partagé avec vous un fou-rire pendant les transmissions parce que vous avez évoqué dans les antécédents d'un patient une allergie qui n'a aucun intérêt dans la prise en charge (Mr X est allergique aux huîtres), celui qui est toujours partant pour manger les trois kilos de Dragibus en moins d'une journée malgré sa bonne résolution hebdomadaire de ne plus avaler de cochonnerie au boulot, celui qui prend des photos improbables dans le poste de soins... Bref, le super collègue c'est votre compagnon de conneries, votre compère dans les moments difficiles, votre complice quand vous avez décidé de dédramatiser tout ce qu'il se passe à l'hôpital. C'est votre copain.

En sept ans d'expérience j'ai déjà rencontré un beau panel de collègues, des biens, des sympas, des tordus, des drôles, des pas drôles, des cons, des anciens, des jeunes, des pas si jeunes mais qui font jeunes, des très jeunes qui font vieux, des sérieux, des trop sérieux, des sérieux qui ne se prennent pas au sérieux, des chanteurs, des acteurs, des auteurs, des musiciens, des danseurs, des philosophes, des clowns, des coincés, des débridés, de tout ! Ils m'ont tous appris sur moi-même et surtout que ces fameuses sept premières secondes, il faut s'en méfier surtout ne pas s'y arrêter.

Quand on a la chance de pouvoir se voir en dehors des murs de l'hôpital, c'est là que l'on peut aussi découvrir des choses insoupçonnées chez nos collègues de travail...

Quel bonheur de pouvoir enfin parler d'autre chose que du boulot ! (Même si 75% de la conversation tourne autour de ce thème). Aller au restaurant ensemble, boire des verres à l'occasion des pots de départ de certains. On se voit habillés autrement qu'avec nos blouses et pantalons blancs, on est maquillé, parfumé, avec des talons ou même en jupe ! Incroyable ! Elle a des jambes de femme, qui aurait pu l'imaginer en dessous de ce pantalon informe et parfois tâché d'on ne sait quoi ? (Non non on ne veut pas le savoir). Tiens ça lui va bien le bleu à lui, ça change du blanc-grisou de sa tunique.

On mange ensemble (on n'en a rarement l'occasion au travail), on boit du vin, elle, elle ne boit que du rouge, elle, que du blanc. On fait des selfies, on se tape une barre quand la miss en face met un quart d'heure à choisir un sachet de thé et quand la serveuse vient récupérer la boite de thé, on l'imagine avec quinze sachets sortant de sa tasse.

Les soirées se poursuivent à l'occasion dans des boites de nuit, comme samedi soir, et là ! Jackpot ! On voit ses collègues-copains danser, on danse même avec eux, on se laisse entraîner par la bonne humeur communicative du moment, même si on est ridicule à lever les bras tous ensemble et à hurler « Ô Hé Ô Hé capitaiiiiine abannnnndonnééééééé ». On observe les autres personnes qui dansent, qui essaient de nous dragouiller, qui improvisent des chorégraphies dignes de Dirty Dancing mais avec trois grammes dans chaque poche et quand le jeune fou se jette au sol sur les rotules pour séduire la jolie aide-soignante blonde ça ne manque pas, on explose de rire comme des baleines. Ou le sexagénaire très en forme qui fait des petits jeux de jambes hyper classe en nous observant du coin de l’œil tout en remontant son pantalon, épique !

C'est ça la catégorie super collègue, même si on n'est pas du même âge, même si on n'écoute pas du tout le même style de musique, si on n'aime pas les mêmes vins, on arrive à passer outre et à apprécier les moments comme ça passés ensemble.

Moi j'aime la bière, le métal et les grands barbus tatoués, et je m'amuse avec des gens qui aiment le vin, la musique des années 80 et les rugbymen du calendrier.

Merci à vous, vous entrez grave dans la catégorie super collègue !

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